Chanteuse halogène au timbre mystérieux, Eloïse Decazes hante depuis quelques années les ruines de la chanson française, notamment au sein du groupe Arlt. Quant à Eric Chenaux, guitariste virtuose et improvisateur de premier plan, il est connu pour avoir cessé un beau jour de prendre son outil au sérieux, préférant y voir un instrument bâtard et s’étonner lui-même d’en sortir des sons d’orgue, de canne à pêche électrique ou de fusil tombé dans l’eau.

« La Bride », leur second album sorti sur le label lausannois Three:four Records (Norberto Lobo, Danny Oxenberg, Mike Wexler…), est étonnant. On y trouve dix chansons d’autrefois repensées de fond en comble, arrangées avec autant de folie que de précision. Ce n’est pas un disque de folk, ni même de musique traditionnelle. C’est un disque de musique nouvelle, rêvé et pensé à partir de très vieilles mélodies, ce dont atteste sa production – toute en stéréo mouvante – son psychédélisme doux, un dialogue avec une certaine modernité intrépide (Monk, Cage, Derek Bailey ou les albums « Obscure » de Brian Eno en ligne de mire).

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Le fruit vert est un projet bicéphale mené par les artistes Andrea-Jane Cornell et Marie-Douce St-Jacques. Dépeintes comme des « prêtresses de la mélancolie », influencées par les pionnières Delia Derbyshire et Éliane Radigue, les deux musiciennes produisent une musique singulière, entre chanson ensommeillée, ritournelle psychédélique et hypnose spectrale.

« Paon Perdu », leur second album paru cette année sur le label Three:four Records, est composé de huit pistes instrumentales et vocales, certaines écrites, d’autres improvisées. Andrea-Jane (voix grave) et Marie-Douce (voix claire) chantent de façon très condensée des mots inspirés des frères Grimm, de Hito Steyerl, de Flannery O’Connor ou de chansons folkloriques exaltées. En concert, le duo privilégie l’orgue électronique, l’accordéon, le synthétiseur analogique, le beat box et du field recording.

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